
Le Syndrome du nid Vide
Résumé : Un jour Elle se réveille et 40 ans ont passé. Ses enfants sont partis, Elle vit en collocation avec son mari et ses journées s’écoulent prévisible. Qu’est-ce qu’Elle ne donnerait pas pour échapper à son quotidien?

Dans une petite ville tranquille, au centre d’un quartier paisible, se dressait une maison des années 30 au jardin soigneusement entretenu. Pas un seul brin d’herbe n’osait pousser dans l’allée pavée, pas une seule branche ne dépassait des buissons amoureusement taillés.
Si on poussait la porte d’entrée, on découvrait un intérieur propre avec ses meubles patinés par le temps et ses murs recouverts de photos ; des photos d’enfants blonds et souriant qui grandissaient à vue d’œil tandis qu’on traversait le couloir.
Pourtant il n’y avait pas d’enfant dans le salon, juste deux petits vieux, silencieux, alourdis par le poids des années. Le raclement des fourchettes sur les assiettes en porcelaine faisait un écho assourdissant au vide de la maison.
Il avait été artisan, même s’Il préférait qu’on le voie comme un artiste. Maintenant, Il était juste fatigué.
Elle avait été femme au foyer, c’est-à-dire cuisinière, domestique, infirmière, maîtresse d’école et général d’une petite armée. Maintenant, Elle était juste seule.
Sans les enfants pour occuper la moindre parcelle de son existence, Elle se rendait compte à quel point sa vie était sans intérêt et l’homme qui occupait la meilleure place du canapé, un étranger. Lorsqu’Elle se regardait dans le miroir, Elle voyait sa mère, son sourire fatiguée et ses épaules tristes.
Avec sa mère comme modèle, il le lui restait qu’une solution. Si Elle ne parlait pas maintenant, Elle se condamnerait à être enterrée vivante dans cette relation.
Son regard parcouru la pièce, remplie des bibelots qu’ils avaient accumulés aux cours des années, d’objets qui étaient devenus pesant.
Elle inspira profondément avant de se lancer.
« Je te quitte. »
Elle avait osé.
Il lui jeta un coup d’œil distrait et lui passa le sel sans l’entendre. Prise au dépourvu, Elle en vida la moitié dans la soupe fade qu’ils mangeaient tous les mercredis soirs depuis dix ans.
La conversation aurait pu en rester là, mais Elle ne pouvait pas abandonner.
« Je te quitte. »
Il fronça les sourcils, deux chenilles broussailleuses qui dominaient des paupières tombantes et un regard froid.
Elle interrompait la mélopée du 20h avec sa danse perpétuelle de morts, de catastrophes naturelles et économiques.
« Ne sois pas stupide »
Ses yeux se reportèrent sur l’écran. Si Elle perdait son attention maintenant ça en serait finie de la conversation.
C’était peut-être mieux ainsi. Elle ne pouvait pas mettre fin à une relation de trente ans à cause d’un mal-être passager. Si Elle fermait les yeux, Elle voyait le jeune homme qu’Il avait été, les épreuves qu’ils avaient traversées et la chaleur d’un millier d’instants partagés. Elle allait abandonner tout ça dans l’espoir d’un bonheur hypothétique?
Elle avala une cuillère de soupe trop salé, en pensant à ce qu’elle préparerait demain. Parce que c’était sa vie, une succession de jours identiques qui se distinguaient juste par la couleur de son pull.
Sans s’en rendre compte, Elle se laissa entrainer par la routine quotidienne. Des gestes répétés à l’infini jusqu’à ce qu’elle se retrouve dans leur lit, allongée à ses côtés.
Il posa un baiser chaste sur ses lèvres, sans vraiment la voir et se mit à ronfler dès que sa tête toucha l’oreiller.
Elle resta dans le noir, la tête pleine des rêves qu’elle n’accomplirait jamais ; Elle n’apprendrait pas le tango, Elle ne visiterait pas les pyramides incas, Elle ne monterait pas dans une montgolfière.
Elle savait déjà comment son histoire prendrait fin. Un cortège de semaines insipides qui la conduirait tout droit à la mort et Il serait sa pierre tombale.
Soudain, alors qu’elle était dans le lit conjugal, bercé par des ronflements et son odeur tellement familière qu’Elle aurait pu en décrire chaque note, cette idée lui parut insupportable.
Elle n’oserait jamais l’affronter en face, mais ça ne voulait pas dire qu’Elle devait renoncer à tout espoir.
Elle sortit du lit, doucement, même si Elle savait que rien ne pouvait le réveiller, ni les pleurs de leur fille quand elle était bébé, ni les disputes des enfants à l’adolescence.
Elle s’assit à sa coiffeuse avec son plus beau papier à lettre, incrusté de feuilles séchées et qui sentait le jasmin.
Qu’est-ce qu’Elle pourrait lui dire qui aurait plus de sens que
Je te quitte
Plus de poids que
Je demande le divorce
Et moins d’amertume que
Je m’ennuie avec toi et j’ai le droit d’espérer mieux.
Au final Elle choisit
Mon avocat te contactera
Simple, clair et direct, le seul langage qu’Il comprenait. Puis, tenaillée par un sentiment de culpabilité, Elle ajouta
La femme de ménage passera Vendredi, n’oublie pas de lui ouvrir.
Elle ne prit aucune de ses affaires, juste son manteau qu’elle enfila sur sa chemise de nuit. Le claquement de la porte résonna comme un gong de liberté alors qu’elle prenait la fuite, persuadée qu’il n’était jamais trop tard pour réaliser ses rêves.
Bientôt Elle ne fut plus qu’une passante anonyme dans une rue paisible, d’un quartier tranquille.

La plume vit d’amour et d’eau fraiche. Passe par le bouton J’aime si tu as apprécié cette histoire et n’hésite pas à la partager

Comment tenir ses bonnes résolutions?

Éternel Ado: au secours je ne me sens pas adulte
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Un commentaire
Vix
Triste, mais GG a la dame !